La rupture. Certains la pleurent ou la maudissent, d'autres en profitent pour baiser à droite et à gauche pour oublier puis il y a l'auteur-compositeur-interprète folk Justin « Bon Iver » Vernon qui l'affronte en s'encabanant pendant trois mois pour ensuite en ressortir avec un diamant brut à la main : For Emma, Forever Ago. La légende veut qu'après avoir assisté à la désintégration de son groupe indie rock DeYarmond Edison, Vernon aurait paqueté guitares, enregistreuses, crayons et ses sentiments pour déménager dans un chalet perdu dans le Wisconsin. Une année après avoir lancé le compact indépendamment (et avec grand succès), l'étiquette Jagjaguwar reprenait le flambeau en février dernier. Fait intéressant, plutôt que de susciter ses contemporains à la Bright Eyes, Justin rappelle autant la meute de Dan Boeckner (tout particulièrement sur des chansons à la « Skinny Love » qui a des airs de la fameuse « Modern World ») que TV On The Radio (« TheWolves Act I and II », par exemple, rappelle la voix de Tunde Adebimpe sur « Dreams »). Bien que les textes soient parfois aussi brouillons qu'hermétiques, For Emma, Forever Ago demeure une oeuvre intimiste et poignante qui devrait se retrouver dans votre collection de disques s'il elle n'y est pas déjà.