10.3.07

Le cas Clinic

Même après quatre albums, la formation art punk britannique demeure toujours aussi insaisissable.

En 2004, alors que The Strokes et Yeah Yeah Yeahs se voulaient encore le fer de lance de la scène musicale new-yorkaise et de véritables muses pour plusieurs groupes du genre, un quatuor de l'autre côté de l'Atlantique soulignait son détachement à cette vague avec une oeuvre totalement divergente. Alliant punk, pop, surf et musique psychédélique, Clinic allait aussi insister sur son approche très «british» jusque dans le titre de son compact Winchester Cathedral. L'orchestre – qui se compare autant aux bizarroïdes The Residents qu'à la survoltée Missy Elliot – n'éprouve toutefois pas le besoin de se justifier pour sa plus récente offrande Visitations. « Comme on s'est déjà justifié de ce côté, on a plutôt opté pour une exploration de notions comme le bien, le mal et des trucs du genre sur notre nouveau disque. D'où un titre vaguement religieux. C'est tout simple. » indique le bassiste Brian Campbell coincé dans un aéroport à la recherche de sa valise.

Outre son rock inclassable, Clinic capte aussi l'attention avec ses costumes de scène (les musiciens se sont notamment déguisés en Beatles pour un passage au Late Show de David Letterman) et ses fameux masques chirurgicaux couvrant leurs visages lors d'apparitions publiques. « Les masques, c'est plus dans une volonté de se faire voir comme une unité mettant sa musique à l'avant-plan, plutôt que comme une bande d'individus voulant se distinguer visuellement. Mais bon, lors de nos rares concerts sans ceux-ci, le public était déçu qu'on ne soit pas costumé! ». En dépit de sa facette « en marge », le collectif s'est tout de même laissé tenter par le côté plus « mainstream » de l'industrie. En plus d'être nominés pour un prix Grammy pour leur CD Walking With Thee, les membres allaient aussi prêter une de leur pièce pour une campagne publicitaire de Levi's. Une expérience qui, malgré tout le succès des pubs à saveur « indie» du moment de compagnies comme Apple, ne devrait pas se reproduire selon les principaux intéressés. « Malgré “l'exposure” de la pub, on ne répétera pas l'expérience. L'offre s'est pointée très tôt dans notre carrière et on l'a acceptée trop vite. On n'a finalement pas apprécié de sortir notre musique de son contexte... surtout pour des jeans. »

De retour en Amérique du Nord pour une nouvelle série de concerts faisant la promotion de Visitations, les Britanniques sont déjà anxieux de refouler les planches de salles de certaines villes. « On a évidemment hâte au “show” à New York, mais aussi celui de Toronto. J'aime beaucoup la “vibe” de cette ville. Ça ressemble beaucoup à celle de San Francisco ». Outre des spectacles, de la route et de la recherche de bagages pour inaugurer l'année 2007, Clinic se lancera aussi dans le cinéma. « On prépare un documentaire sur le côté “underground” de Liverpool. À cause du succès du Fab Four, plusieurs personnes croient que notre ville est une espèce de Mecque musicale alors que c'est en fait un bled ouvrier très pauvre. Ça devrait être un méchant “wake up call”.
 

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