C'est dans son ouvrage Le Monde comme Volonté et comme Représentation que Schopenhauer débattait que « La mélodie, la voix chantante [...] représente le jeu de la volonté raisonnable [...]. Elle nous dit son histoire la plus secrète, elle peint chaque mouvement, chaque élan, chaque action de la volonté, tout ce qui est enveloppé par la raison sous ce concept négatif si vaste qu’on nomme le sentiment, tout ce qui refuse d’être intégré sous les abstractions de l’idée […]. ». Certains diront que 188 années auront passé avant que les Annes Geddes soutiennent les allégations du philosophe allemand. D'autres — dont les principales intéressées — opteront pour une explication plus simpliste pour définir leur leitmotiv.
Genèse « puffy»...
« L'idée de base, c'est qu'il n'y avait pas vraiment d'idée à la base! » lance tout d'abord Back Lead alias Isabelle. « On est trois bonnes amies qui sont souvent ensemble et qui s'amusent beaucoup ensemble. Ça a démarré devant un ordinateur avec une bière, la découverte d'un logiciel de musique et la découverte d'un micro sur mon portable ». « C'était aussi un passe-temps au début... » enchaîne Pascale qui opte pour le nom de scène Very Back « ... une autre occasion de se retrouver pour avoir du plaisir. Notre processus de création est toujours accompagné de bières, de joints et de crottes au fromage... Les “puffy”... ça va mieux avec la bière »! « Le fait d'avoir un "band", c'est un peu une "joke" sur le phénomène Myspace. » poursuit Lead Back connue aussi sous le prénom de Gabrielle. « On se disait “On va se faire une page Myspace avec, ça va être fou!”. “Une folie qui s'est rapidement étendue à l'extérieur du fameux portail web.
Elles sont everything...
‘Des propositions. Ça a toujours été des propositions.’ tranche Isabelle lorsqu'on aborde l'enregistrement de leur album On est everything lancé sur French ton record, une sous-étiquette associé à Dare To Care Records (We Are Wolves, Malajube et compagnie). ‘Y' a des gens qui nous ont proposé de faire un album parce que, d'une certaine façon, ça les changeait de ce que l'industrie peut être, de faire un petit ‘ah, ah, ah’ pour le fun’.“Excusez-moi l'expression, mais on n'a jamais sucé personne.” tranche Pascale. “Tout venait d'amis, de connaissances ou encore de gens qui connaissaient les Annes Geddes”. “Tsé ces gens-là, c'est nos amis, ce n'est pas des "contacts".” précise ensuite Gabrielle. Compact profitant d'un tirage de 300 exemplaires (“292 après le lancement” précise Isabelle, “ C'est pas vrai, on en a vendu 15 au lancement” de corriger Gabrielle), On est everything a tout de même suscité une tempête dans le verre d'eau qu'est la blogosphère montréalaise.
La mince ligne rouge entre le réel, le virtuel et le secondaire 2...
“J'ai eu une douche froide quand j'ai ouvert le Voir.” continue Gabrielle à propos de la critique peu élogieuse d'Olivier Robillard-Laveaux. “Surtout qu'Olivier, je le connais. On s'est frenché en secondaire 2! Une autre preuve contre ceux qui pensent qu'on fait de a convergence avec nos amis!” Le fameux texte allait par la suite être mentionné sur quelques blogues locaux où une poignée de lecteurs allait s'en donner à coeur joie en commentant le brûlot. Une situation virtuelle s'inscrivant mal dans la réalité des musiciennes. “C'est comme tabou.” explique Isabelle. “Est-ce qu'on doit parler de blogues lorsqu'on se croise dans la vraie vie? Est-ce qu'on dit à nos amis "hey, y'était drôle ton commentaire sur mon Myspace” aussi”?” “Sans blague, c'était la première fois que je consultais un blogue.” confie Pascale “Sans le monde de Dare To Care et les autres filles, jamais je n'aurais vu ça. Y'a certains commentaires pertinents, mais après le sixième qui dit la même chose, tu te dis que tu vas fermer ton ordinateur et aller chanter avec tes amies. C'est là qu'elle est la frontière entre le réel et le virtuel. Viens me dire en pleine face que tu n'aimes pas mon album et on en discutera. Juste l'écrire sur un blogue, ça n'a pas de valeur.” Heuresement, ces commentaires constructifs ou non ne calmeront en rien l'ardeur des Geddes.
Lorsqu'on leur demande si ces flèches lancées par ces internautes influenceront leurs prochaines pièces, les Annes demeurent songeuses. “Je ne sais pas vu qu'on n'a pas encore composé depuis” explique Isabelle. “Mais je ne pense pas qu'on va se mettre des barrières pour ça.” "Comme ça ne va pas nous obliger à être encore plus connes pour que le monde nous haïsse encore plus.” philosophe Pascale. “On va rester nous-mêmes! On est everything!” conclut Gabrielle. C'est Schopenhauer qui serait content.