18.2.08

Tigre et dragon

Entraîneur émérite des Nordiques de Québec, Michel « Le Tigre » Bergeron peut être fier de ses statistiques. À la tête du fleurdelisé pendant 9 saisons, « Bergy » a accumulé 265 victoires, 286 défaites, 86 nulles et d’innombrables matchs d’insultes avec l’entraîneur du Canadien Jacques Lemaire. 20 ans après la fin de la fameuse rivalité Montréal-Québec, Bergeron fait encore ses griffes sur ce sujet…

Comment ça a démarré cette rivalité entre Québec et Montréal?

Je dirais que ça remonte à 1982, lors de l’arrivée des frères Stastny. Avant ça, les Nordiques étaient considérés comme une petite équipe d’expansion et 70 % de la population de Québec prenait toujours pour Montréal. Puis y a eu le but de Dale Hunter en prolongation à la fin de cette saison qui confirmait le nouveau statut de Québec en plus d’éliminer Montréal. Les amateurs du Canadien présents au Forum ce soir là étaient dévastés! La saison suivante, quatre des joueurs du Canadien qui étaient sur la glace au moment du but ont été échangés à Washington! Au fil des ans, c’est devenu plus qu’une rivalité entre deux équipes de hockey, c’était aussi entre deux villes et même deux brasseries [Molson étant propriétaire du Canadien alors que Labatt possédait les Nordiques]. Je dirais que c’est certainement la plus belle rivalité qu’il y a eu, tous sports confondus!

Étant natif de Montréal, comment vous sentiez-vous à vos débuts à Québec?

J’ai toujours été un fan du Canadien. Le Rocket, Boum Boum et Henri Richard étaient mes idoles ! C’est mon succès derrière le banc des Draveurs de Trois-Rivières qui m’a amené à Québec. Quand j’ai commencé chez les Nordiques, y’avait énormément d’émotions lorsqu’on jouait contre Montréal, beaucoup plus que lorsqu’on affrontait d’autres équipes comme les Bruins, par exemple. Les Nordiques et les Canadiens se haïssaient vraiment! Jacques Lemaire et moi n’étions pas vraiment les meilleurs amis du monde! Même en dehors de la patinoire, les partisans m’arrêtaient dans la rue pour me demander si on allait battre le Canadien lors de notre prochaine partie. C’était une pression constante! J’ai un chum qui avait un restaurant à l’époque. C’est ben clair, il n’ouvrait pas son commerce quand il y avait une game Montréal-Québec!

Comment était l’ambiance derrière le banc des Rangers de New York?

La job d’entraîneur ne changeait pas, mais elle se vivait différemment. Y’avait une certaine rivalité entre les Islanders pis les Devils, mais ça n’avait pas le même impact qu’entre Montréal et Québec. Il n’y avait pas 25 journalistes qui m’attendaient à la sortie, aussi. Aux États-Unis, le hockey vient après le basket-ball, le baseball, le football, etc. Au Québec, ça se vit avec les tripes! Même lorsqu’on était en meeting avec la direction, y avait du monde qui devait s’absenter au cours de la réunion parce qu’ils se sentaient trop mal à force d’en parler!

Pis finalement, Michel, y étais-tu bon le but d’Alain Côté?

On jouait justement contre les Anciens Canadiens la semaine dernière et l’annonceur a présenté Alain Côté comme « le joueur au but refusé ». Ça fait plus de vingt ans et on m’en parle encore comme si c’était hier! C’est sûr qu’il était bon! Y a que les fans chauvins du Canadien qui pensent autrement!

 

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