7.7.06

Gatineau - Bienvenue à Gatineau !

Gatineau est le centre administratif de la région de l'Outaouais. Ville hôte des Jeux du Québec en 1981, on y recense plus de 230 000 Gatinoises et Gatinois. Fief du club de hockey junior majeur Les Olympiques, Gatineau tient son nom d'un draveur du nom de Nicolas Gastineau. Celui-ci se serait noyé là ou la rivière Gatineau se jette dans la rivière des Outaouais, en face d'Ottawa. Gatineau est aussi le nom du projet hip hop instigués par le rappeur Séba ainsi que le producteur Sa Sucreté alias Papa Sucreah qui est passé en l’espace d’une année de la scène du Divan Orange à celle du Métropolis dans le cadre des Francofolies en plus de lancer indépendamment un premier EP nommé Sur ton visage. Entretien - dans tes yeux - d’une formation hip hop qui n’en est pas une.

La fondation de Gatineau…
Accoudés à une table du café L’Entretien de la rue Laurier, Séba et Sucreté se remémorent la formation de Gatineau. « À la base, y’avait Séba qui travaillait avec les Loco Locass » raconte Sucreté entre deux cigarettes. « Leur batteur – Jean-Sébastien Nicol – ainsi que leur bassiste – Jean Phillippe Pelletier – se sont partis un projet de « drum n’ bass » (Métatuque) et moi j’ai embarqué là-dedans. » poursuit celui qui s’est aussi fait connaître comme programmateur et claviériste de formations locales comme le Vander Dub Expérience. « J’avais des « beats » et j’lui ai donc demandé s’il voulait rapper dessus ». Entrée en scène de Séba, MC autant connue pour ses collaborations avec le DJ Ghislain Poirier que pour ses prestations mémorables lors de soirées de poésies.

« Au début, je me cherchais quelqu’un pour faire mon album solo. » enchaîne Séba. « Pendant un mois, on se demandait quelle pièce serait « Papa Sucreah featuring Séba », « Séba featuring Papa Sucreah », etc Au moins, avec le nom Gatineau, on était tout les deux ensemble dans le projet. » Naquit donc Gatineau. Population : deux en studio, quatre sur scène.

Hip hopéra?
Bien que l’étiquette « rap » leur colle à la peau, Gatineau ne se limite pas qu’à cette caste… autant sur disque que sur les planches. Séba raconte : « Notre toune « Elephant » par exemple, ça s’inscrit plus dans une lignée de hip hop plus « progressif ». C’est une toune de presque six minutes avec plusieurs passages à l’intérieur, ça comporte divers tableaux, c’est très cinématographique, comme un court métrage.» précise d’ailleurs ce détenteur d’un DEC en cinéma obtenu au Cégep St-Laurent. Ainsi, comparer Sur ton visage à une bande-annonce de film à venir serait à peine exagéré. « C’te toune là se tient en elle-même, mais y’a comme deux, trois autres chansons qui y font références. Par exemple, dans c’te chanson là, y’a un personnage qui s’appelle Poignard qui revient aussi dans d’autres tounes. »

Une véritable diégèse urbaine qui prend littéralement vie sur scène lors des performances de Gatineau. À quelque part entre le show punk déjanté et la performance théâtrale, changements de costumes et de personnages y compris, on pourrait presque qualifier le rap de Gatineau d’ « hip hopéra ». « On en est à avoir une forme de mythologie. » ajoute Séba. « En show, y’a une sorte de de progression vers la déchéance. Ça commence souvent avec la toune de party comme « Alcool ». Quand t’as trop bu, là t’as la toune « Pawnshop » parce que t’as pus de cash. Après ça, t’as la toune de prison, etc. C’est toujours narratif, y’a toujours une histoire, même si c’est complètement tordu.»

S’inspirant visiblement plus de la plume des Francoeur et Ronfart que du « bling » et autres thématiques « gangsta », Gatineau se trouve à des kilomètres des clichés du genre : « c’est une question de mode de vie aussi. » confie Séba. « Ma vie, c’n’est pas une vie de gangster, j’suis plus culturel, j’ai vu beaucoup de pièces de théâtre et de films québécois. Au début, mon rap partait d’un travail sur la langue québécoise, mais j’n’essaye pas de faire absolument « québécois ». On tente de s’ouvrir sur d’autres choses. Souvent, les rappers rappent sur eux-mêmes, ils rappent qu’ils sont entrain de rapper : « Yo j’pogne le micro, en ce moment je suis en studio». On le sait ça, la toune est fait ! C’est sûr que t’as le micro dans les mains ! Ça n’intéresse personne ! » s’exclame-t-il.

Papa Sucreah enchaîne : « Juste par l’attitude, le look et même le crowd, c’est sûr qu’on est pas qu’hip hop. On aime bien ça groove, mais musicalement, je trouve ça ennuyant. C’est peut-être que je viens plus d’une école plus « jazz », mais moi j’aime ça recevoir une taloche dans la face pis que le band s’en aille à gauche. Sur notre chanson « Pointe all-dressed » par exemple, ça commence drum n’ bass, y’a un bout un peu « dub » pis ça fini en « The Forest » de The Cure ! »

La scène locale de Gatineau…
Un autre cliché « hip hop » veut que les rappers se ghettoïsent, ne se rassemblant qu’entre congénères. Ce n’est évidemment pas le cas pour Gatineau qui se veut autant une ville qu’une formation aux penchants multicultures. Alors que la localité possède une coopérative de solidarité multiculturelle nommée DIVART, le duo hip hop, lui, se complaît autant chez les artistes rocks… que les musiciens hawaïens.

Ainsi, en plus de bidouiller les rythmes de Gatineau, Sa Sucreté participe aussi au Mai Tai Orchestra, un ensemble de musique polynésienne formé de membres du très sélect collectif La Maison Brune. Séba, de son côté, s’est retrouvé en octobre dernier sur la scène du Patro Vys en compagnie de membres de Malajube pour rapper avec nul autre que Gisele Webber, la chanteuse des Hot Springs. « On avait une idée pour Gatineau d’avoir une fille sur une track pour faire un duo. » explique-t-il. « On ne voulait pas nécessairement une chanteuse hip hop, on voulait une autre énergie. On lui a demandé, elle a acceptée, mais c’est finalement elle qui est arrivée avec un projet de toune de rap et m’a demandé d’y aller. J’ai trouvé ça vraiment tripant. C’est sûrement le début d’une collaboration. »

Gatineau en 2006…
Les prochains mois s’annoncent occupés pour Gatineau. Alors que la société de transports de l’Outaouais modifiera ses trajets pour la ville, le groupe prévoit faire des concerts en région « afin de répandre la Bonne Nouvelle ! » comme dirait Séba. Sucreah précise : « On a quand même une structure malléable. Y’a aussi les Maisons de la culture qui nous intéressent. Ça nous permettrait de pousser le côté théâtral du show plus loin en fonction de la « crowd » et des auditoriums. L’idéal serait de créer un genre de voyage psychédélique ! »

En ce qui concerne l’album qui devrait paraître en septembre, Séba déclare fièrement : « le public ne sait pas encore à quoi s’attendre, mais ils va s’attendre à d’quoi ! »
 

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