Qu’ont en commun Bob Dylan, David Bowie et Marylin Manson ? le groupe art rock new-yorkais TV On The Radio.
Même lorsqu’il ne gratte pas sa guitare, Kyp Malone trouve le moyen de faire parler de lui. « Disons tout simplement que ça a été une semaine « intéressante ». » résume le musicien à propos du mini scandale qui a éclaté après que l’hebdomadaire Village Voice publie une caricature peu flatteuse de Malone oû il se fait faucher par un Bob Dylan au rictus prononcé pilotant une mobylette. L’illustration a notamment choqué le saxophoniste de TV On The Radio Martín Perna qui a ensuite écrit une lettre de plainte à la publication. « Au départ, le journal ne voulait qu’un portrait de Tunde [Adebimpe, chanteur du collectif]. On a refusé, car ça ne correspondait pas à l’image du groupe. » explique le principal intéressé. « On nous a donc convoqués pour une séance de photos… alors qu’on était sur la route. Je me demande donc si cette caricature n’était pas en fait une façon enfantine de « se venger» de notre manque de collaboration. Mais bon, l’article accompagnant la caricature n’était pas si mal! »
Artistes gravitant autour des Liars, Yeah Yeah Yeahs (le bassiste Dave Sitek à produit leur premier maxi tandis qu’Adebimpe à réalisé un de leur clip) et autres groupes phares de la scène art rock de New York, les membres de TV On The Radio n’attirent pas seulement l’attention des journaux. Avec ses compacts (Desperate Youth, Blood Thirsty Babes paru en 2004 et Return to Cookie Mountain datant de juillet dernier) suscitant autant le jazz que le doo wop, le quintette a aussi surpris le Thin White Duke lui-même. « Ce que je retiens surtout de David Bowie, c’est tout le plaisir qu’on a eu à travailler avec lui. » se remémore Malone lorsqu’interrogé sur la participation du Britannique sur le plus récent album. « Il était humble, ouvert et n’avait pas d’ego démesuré. Bref, j’étais soulagé de constater que « ze » David Bowie n’est pas un trou d’cul.»
En plus des mélodies amalgamant harmonieusement des genres musicaux aux antipodes, l’image de TV On The Radio stimule aussi l’imaginaire collectif. Ainsi, plusieurs médias états-uniens se sont plus intéressés à la couleur de peau des musiciens qu’à leurs chansons. « Je ne sais toujours pas quoi en penser. » avoue Kyp. « C’est tellement naturel pour nous qu’on n’en parle pas vraiment. Je n’aime pas me prononcer sur ce sujet, mais je peux comprendre que ça peut piquer la curiosité de certaines personnes. » L’orchestre surprend aussi par ses prises de position politique. En août dernier, Adebimpe et sa bande ont été jusqu’à fausser compagnie à leurs copains des Yeah Yeah Yeahs lors d’un concert extérieur à Boston où l’Armée bénéficiait d’un stand publicitaire. « Peut-être est-ce de la naïveté, mais je crois que les gens n’ont pas vivre dans un tel climat de frayeur. » se défend Malone. « Je ne remets pas en cause le rôle d’organisations comme la C.I.A., mais de là à envoyer des Marines recruter des jeunes lors de concerts rock! On ne pourrait jamais s’associer à ce genre de choses. Pour nous, ça serait comme se ramener sur scène avec des carabines en bandoulières. Ça ne colle pas. »
Une autre croyance populaire réfutée par Kyp: que lui et ses frères d'armes sont des pourvoyeurs de chansons incroyablement sombres. « Contrairement à ce que plusieurs critiques peuvent croire, je ne vois pas vraiment TV On The Radio comme un « band » abondant dans la musique « triste». Pour moi, c’est des compositions qui tentent de communiquer des émotions aux gens. Prenons « Province» par exemple, le texte parle de joies, d’espoirs et de la quête d'un certain idéal. Personnellement, quand je pense à de la musique « dark », Marylin Manson est le premier nom qui me vient en tête... quoique «Don’t Worry, Be Happy» de Bobby McFerrin demeure plus « joyeuse » que tout notre répertoire réuni! »