« Définitivement, tu ne fais pas ce métier-là pour te faire des amis. » déclare d’emblée Olivier Robillard-Laveaux du Voir. Chroniqueur couvrant concerts et lancements montréalais depuis plus de quatre années, celui-ci lie l’acte critique à nos mœurs culturelles. « C’est “cheap ” d’être chien seulement pour être chien » poursuit-il. « Contrairement à certains médias en France et aux États-Unis, moi je ne planterais pas un truc à la Britney Spears. C’est trop facile. » Plutôt que de copier/coller des vidéos de singe dégustant leur urine (comme l’à fait le populaire site web Pitchfork pour illustrer sa critique de Shine On de Jet), ORL préfère mettre l’emphase sur le côté plus pédagogique de ses textes négatifs. « C’est comme démolir le premier EP d’un band… moi je préfère mentionner ce que je n’aime pas et ce qu’il faudrait améliorer sur le prochain disque plutôt que de complètement décourager le groupe. »
Même son de cloche pour Philippe Papineau. « C’est sûr que ça fait vendre des copies de magazines comme les Inrocks, mais les critiques bêtes et méchantes sont souvent malhonnêtes. ». Journaliste au Devoir et animateur à CIBL (franco-phil.blogspot.com pour plus de détails) souligne aussi la proximité entre les artistes de chez nous et les médias. « On rencontre rapidement pas mal tout le monde dans l’industrie. C’est plus difficile de critiquer du monde avec qui on prend des bières lors de spectacles par exemple! Le gros défi serait donc de demeurer critique avec ces gens qu’on connaît. Dernièrement, j’ai fait une critique du disque de Camionnette. C’est des filles sympathiques, j’ai fait leur première entrevue à la radio, puis vient l’album et j’étais moins enthousiaste. J’ai donc été très honnête sans être méchant. ».
Bien que certains intervenants dénoncent les critiques fielleuses, les textes trop élogieux peuvent être aussi dangereux selon Papineau. « Ça me met aussi mal à l’aise que les mauvaises critiques. Je comprends que c’est bon du Pierre Lapointe, moi je trouve ça pas mal, mais je me sentais mal à la lecture de certains textes tellement c’était… “trop ”! ». En plus de devoir parfois se justifier auprès d’artistes, le critique a aussi des comptes à rendre avec son lectorat. « D’un autre côté… » poursuit Philippe « si on vante un album qu’un lecteur s’achète et qu’il trouve poche, on va aussi en entendre parler! ». « On m’accuse parfois d’encenser trop facilement. » intervient Robillard-Laveaux. « Moi quand j’ai un coup de cœur pour un album, je préfère aller jusqu’au bout plutôt que de me garder une réserve juste pour être poli! » conclue-t-il en souriant.