« J'ai été veinard, je n'ai jamais vraiment eu d'emploi minable. » confie le rappeur lorsqu'on l'interroge sur son nouveau tube « Kill Your Employer ». Une chose est donc sûre : Busdriver ne tient pas son sobriquet d'un quelconque passé de chauffeur d'autobus. Ce zigoto possède tout de même un CV intéressant. Né Regan Farquhar, ce MC de Los Angeles roule sa bosse depuis plus d'une dizaine d'années. Bien qu'il se soit tout d'abord distingué comme artiste « spoken word », l'influence de son père (il a écrit un documentaire sur l'étiquette Def Jam nommé Krush Groove) allait finalement pousser Regan à quitter le circuit des cafés « open mic » pour celui des clubs hip-hop.
Prendre le volant
Glanant autant ses rythmiques chez Bach — sur « Imaginary Places » — que chez Playstation (les amateurs du jeu « PaRappa the Rapper » le remarqueront sur la pièce « Avantcore »), Busdriver a aussi été comparé à un saxophoniste à sa facon de livrer ses rimes en plus d'être associé à l'étiquette punk Epitaph. Tout un parcours d'influences. « Lorsque je recherche des “beats” pour mes textes, je ne me fais pas un devoir de tout faire différemment » précise toutefois Farquhar. « C'est juste qu'une myriade de trucs me stimulent : le rap, les jeux vidéo, le jazz, l'Europe, les États-Unis et j'en passe. » C'est aussi cette variété de stimulus qui pousseront le Californien a collaboré avec des artistes d'ici et d'outre-mer.
Transport en commun
Que ce soit avec Daddy Kev et D-Styles sur son album Cosmic Cleavage ou encore Daedelus ainsi que Pigeon John sur le « single » « Something Bells », Busdriver a toujours repêché d'intéressants collègues. « Si je pouvais bosser avec qui je veux et quand je veux, je me remettrais au travail dès demain avec [le producteur électro et collaborateur de TTC] Para One! C'est un type très imaginatif avec lequel j'ai beaucoup appris. Peut-être Jimmy Tamborello aussi... j'aime bien ce qu'il fait avec Dntel, Headset et The Postal Service. » Cette ouverture pour le travail d'équipe n'empêche pas Busdriver de demeurer un projet hip-hop aux textes intertextuels, critique et de circonstance. « Je vois le crunk comme une phase ou encore un tremplin vers autre chose, mais pas comme un style propre. » confie Regan. « Je ne dis pas que tout ce qui en découle est mauvais — il y a quelques rappeurs qui pondent d'excellentes pièces dans ce genre — mais je crois surtout que cette soudaine popularité pour tout ce qui est “crunk ”, “deep south” et “gangsta ” est une marotte. »
Outre la tournée de concerts autour de son nouveau compact, Farquhar prévoit se garder du temps pour promouvoir son étiquette Temporary Whatever. « Of Mexican Descent est un groupe culte chez moi et le duo a récemment accepté de faire paraître une réédition de leur maxi sur mon label. On y a ajouté une dizaine de “tracks ” enregistrées à la même époque. J'espère les faire découvrir et redécouvrir. »
Terminus, tout le monde descend.