The Friendship Cove, l’après Electric Tractor…
« Avant que l’endroit ne devienne le Friendship Cove, j’avais un studio ici au sein d’une coop qui s’appellait EQ» raconte Van Pelt entre deux bouchées. « Comme l’organisation n’avait pas l’intention de renouveler son bail, on m’a demandé si je voulais garder l’espace. J’ai donc contacté Jack Dylan, un compagnon d’arme de l’Electric Tractor, pour lui lancer l’idée de remettre sur pied une autre salle de spectacle. » Malgré des concerts mémorables d’artistes comme The Adam Brown, The Lovely Feathers ou encore Dante Decaro (ex Hot Hot Heat, maintenant membre de Wolf Parade), tout n’est pas toujours rose au Friendship Cove. Suite à la plainte d’un voisin n’appréciant pas le bruit et l’achalandage provenant du 215A Murray Street, les organisateurs doivent maintenant s’assurer que leurs événements se terminent beaucoup plus tôt. « C’est une situation plutôt chiante » poursuit Graham « mais comme on a connu les mêmes déboires à l’Electric Tractor, on commence à s’y habituer. »
Sauter du coq à l’âne, la genèse de Think About Life…
Bien que la petite histoire de Think About Life soit étroitement liée à celle du Frienship Cove, il faut remonter jusqu’en juillet 2005 afin d’en constater les premiers balbutiements. « Comme on n’allait pas renouveler le bail de l’Electric Tractor, on voulait organiser un dernier gros show avant de mettre la clé dans la porte. » se remémore Matt Shane avant d’ajouter : « De mon côté, j’ai toujours supplié Graham de me laisser jouer de la batterie sur l’un de ses projets et il a finalement accepté pour ce concert. On a tout d’abord commencé à répéter avec une guitare et une batterie jusqu’au jour où Graham a expérimenté un petit synthétiseur blanc de marque Casio et c’est ce qui a déterminé le son du groupe! Ce fut un beau moment de magie et de distortions! » Graham s’interjette : « Un autre truc cool du synthétiseur Casio, c’est qu’il permet de ne jamais se prendre trop au sérieux. »
Son dîner terminé, Van Pelt prend le relais : « Après avoir répété à quelques reprises, on a donc offert une courte prestation instrumentale lors de ce fameux concert. Comme on a chaudement été accueilli, on a décidé de poursuivre l’expérience. » À ce moment, Martin Cesar chantait toujours pour Donkey Hearts, une sympathique formation qui a été de tous les concerts locaux de l’été 2005 avant d’imploser subitement. « Je me suis joint au projet après mon expérience au sein des Donkey Hearts. À cette époque, je ne me voyais plus jouer dans un groupe. » confie Cesar. « Je passais mon temps à enregistrer des trucs dans ma chambre en plus de commencer la rédaction d’un scénario que je n’ai d’ailleurs jamais terminé. » Graham poursuit : « J’ai commencé à envoyé des maquettes de nos pièces à Martin via MSN Messenger et à en juger les commentaires qu’il me laissait, ça avait l’air de piquer sa curiosité.»
Le « hype » et l’album…
Compact aussi attendu des critiques que des mélomanes, le premier album éponyme de Think About Life sera lancé en mai sur l’étiquette Alien8 Recordings. En plus de se retrouver dans le même bateau que Les Georges Leningrad, Kiss Me Deadly, Lesbians On Ecstasy, Books On Tapes et autres projets inclassables, le trio profite d’un « hype » qui dépasse le bouche à oreille.
« On a envoyé quelques démos aux gens de l’étiquette » continue Van Pelt. « Bien qu’ils se disaient intéressés, ils ont montré un réel intérêt que lorsqu’on a joué en première partie de Kiss Me Deadly. » « Au moment où le label nous faisais signe, j’étais déjà partie en Turquie où je prévoyais refaire ma vie. » lance Shane en rigolant. Entièrement enregistré au Friendship Cove, cette galette a entièrement été enregistrée et mixée par Graham Van Pelt. « Si je peux me permettre un conseil… » intervient Matt « je suggère fortement aux groupes débutants de se trouver eux aussi un magicien de la console comme Graham, ça va leur éviter beaucoup d’ennuis! ». En plus des bons soins de Van Pelt, Think About Life a pût aussi compter sur l’appui du MC états-unien Subtitle qui collabore avec eux sur la pièce What The Future Might Be. « On a croisé Subtitle au Zoobizarre après son concert en compagnie d’Islands » se remémore Graham. « C’est un type très terre à terre, on lui a parlé du projet et il a tout de suite embarqué. On lui a tout simplement envoyé un instrumental puis il nous a renvoyé un freestyle qu’il a enregistré de son studio. »
Avec sa collaboration avec le rappeur Subtitle (qui a déjà collaboré avec Th’ Corn Gangg, le projet hip hop des Unicorns ), sa signature avec Alien8 Recordings et leur ville d’origine, Think About Life a vite capturé l’imaginaire de la blogosphère. Pendant que le site You Ain’t No Picasso cataloguait le combo de « derniers né de la fameuse vague indie rock montréalaise », le réputé blogue Gorilla Vs. Bear ne pouvait s’empêcher de souligner le lien rattachant Think About Life à un autre groupe chouchouté par les médias alternatifs américains : Wolf Parade. Toute cette attention inusitée est évidemment bien accueillie par Graham et compagnie. « Je trouve ce phénomène des blogues audio fascinant » affirme Van Pelt. « Non seulement ça permet de faire découvrir souvent méconnus, mais comme ces sites sont maintenues par des enthousiastes plutôt que des labels ou des compagnies, le lecteur peut s’attendre à des suggestions qui ne sont pas motivées par un intérêt monétaire. C’est la voie du futur! » Matt Shane abonde dans le même sens : « Moi ce qui m’épate, c’est à quel point ils sont rapides. Y’a même des Allemands qui parlent de nous sur l’Internet avant même que l’album soit en magasin! »
Outre Think About Life, ces musiciens ont aussi leur propres violons d’Ingres. Martin, par exemple, a un projet solo nommé Dishwasher. « C’est un truc sur lequel je bosse depuis que j’ai 16 ou 17 ans » raconte le principal intéressé. « En plus d’enregistrer des chansons dans ma chambre, je me fais parfois accompagner par mon frère, mon neveu âgé de trois ans ou encore ma mère qu’on peut entendre parler un peu plus loin! » En ce qui concerne Graham, il enregistre aussi des pièces sous le sobriquet de Miracle Fortress. « Quoique je ne sais pas si on peut vraiment appeler ça un « side project » muse Van Pelt. « Comme j’ai surtout composé des trucs solo par le passé, je vois « Miracle Fortress » comme nom pour regrouper tout ce que j’enregistre par moi-même. » Et Cesar de clore je sujet : « J’aimerais aussi mentionner que je suis un grand fan d’Hidden In Buildings, l’autre groupe de Graham! »
What The Future Might Be…
En attendant une tournée estivale les amenant autant dans l’Ouest canadien qu’aux Etats-Unis (« On doit d’ailleurs se rendre au Texas en une journée » mentionne Mat. « Il parait que c’est physiquement impossible. On verra! »), Think About Life va tout d’abord rôder son album en concert sur la scène du Club Lambi. Aussi connu pour ses performances inégales (on adore ou on déteste), le groupe semble plus miser sur l’intensité que sur la virtuosité. « Lors de nos concerts, on doit tout d’abord s’attendre à beaucoup de bruit, d’énergie, de sudation et à plusieurs torses nus. » avise Shane. « Ce n’est pas qu’on veut absolument jouer bruyamment, mais comme je dois me fier à ce qui est programmé d’avance sur le synthétiseur, on n’a pas le choix de l’amplifier. Et je tiens à ajouter que je ne fais pas exprès de me mettre torse nu derière ma batterie! Ce n’est vraiment pas pour épater la galerie. Trop peu de gens semble le réaliser, mais il fait vraiment chaud derrière une batterie! Ne me jugez pas! »
Outre cette série de concerts, Think About Life prévoit mettre en ligne une trentaine d’animations inspirées de leurs chansons. « Tout comme les blogues audio, ça aussi c’est la voie du futur! » déclare Graham en rigolant.