18.1.10

Hep!



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À bientôt!

4.7.08

Le Far Web

La Ruée vers l'or du Klondike s'est déroulée de 1896 à 1898. En moins de deux années, la petite ville de Dawson City allait accueillir des milliers et des milliers (et des milliers) de péquenots armés de pelles, de tamis et de rêves. Des siècles plus tard, ces prospecteurs se ramènent maintenant sur le web, caméra mini-dv à la main et des idées plein la tête. Bienvenue au Klondike 2.0 : la web télé. Entretien avec le Billy The Kid du genre au Québec : Jeff « Lee» Lizotte de Bombe.tv.

« 'Scuse moi, je reviens de jouer avec des serpents pis j'avais les mains dégueulasses. » s'exclame Lizotte lorsque je le rejoins tout d'abord au téléphone. Un des innombrables champs d'intérêt du jeune réalisateur qui a déjà tout un cheminement sous la casquette. « J'ai débuté à 16 ans, dans une émission qui s'appelait “la nouvelle école” au Canal Vox. C'était une émission “pour les jeunes, par les jeunes.” On faisait nos tournages, notre montage, etc. Bref, c'est là que j'ai appris comment ça marchait! » Trois ans plus tard, Lee vient de muer, il quelques poils au menton et du front tout le tour de la tête : « À 19 ans, j'ai “pitché” un show à RDS qui s'appelait “La Virée” et qui était un peu la continuité de ce projet là. Ça nous a notamment permis d'aller chercher des commanditaires pis de développer le côté viral de la chose et qui est maintenant à la base de Bombe.tv ».

Du contenu qui fait boum...

Alors que les statistiques du terroir sont plutôt anémiques (j'veux dire, outre le fait que la majorité des Québécois semblent aimer les Pop-Tarts, les données tangibles sont rares), l'intérêt est indéniablement là, grandissant et disponible dans toutes les sauces. Bien qu'on soit loin des chiffres mirobolants de Youtube (en janvier dernier, on rapportait que près de 79 millions d'internautes se sont envoyé trois milliards de vidéos en un mois), les prospecteurs locaux vont autant dans la fiction (comme lesgermaines.tv qui a été mis sur pied par deux artisans de la série Ramdam) que dans l'actualité (comme catherinebeauchamp.com qui s'intéresse au septième art emmitouflé dans le rose bonbon). Les bonzes de Bombe.tv, eux, préfèrent exploser dans tous les sens, tant que c'est divertissant. Du schraphel qui fait sourire? Pourquoi pas!

« J'ai toujours été attiré par l'insolite pis c'est à ça que je voulais donner de l'exposure! » confie Jeff. « Faut dire que j'ai toujours été attiré par ça parce qu'avant tout ça, j'étais dans le cirque, j'étais acrobate. L'insolite, c'était ma réalité à cette époque! Notre but, c'est de monter un spectacle, de divertir les gens. J'pense que le fait qu'on n'est pas de Montréal y est aussi pour beaucoup. On a un regard extérieur, on ne fait pas de la télé pour “hipsters” ou pour des experts en musique, c'est pour tout le monde. Autant le gars de Shawinigan qui fait du snow l'hiver que le gars sur l'île de Montréal qui écoute du "fuckin'" Uffie pis qui tripe sur tout ce qui est hyper devraient triper à écouter nos affaires! » En plus d'apprécier le « terrorisme médiatique » (c'est l'expression maison pour qualifier leur contenu) de Lizotte et ses complices, les webspectateurs de bombe.tv aiment vraisemblablement Éric Salvail.

Du petit écran au moniteur...

« Ça faisait un mois que le site était en ligne, qu'on avait testé la plate-forme et tout. » se rappelle Jeff lorsqu'on lui rappelle l'affaire Salvail. Y' était temps de se faire connaître! » Plus de 77 000 visionnements plus tard de la version YouTube, Lizotte, Éric et ses comparses peuvent sabrer le champagne. Mais avant, une explication s'impose. « On a pensé un moment avant de trouver le bon “shunt”. D'où la chanson : prendre quelque chose d'“edgy”, pour que les gens se disent “hein? what the fuck!?” et se demandent si on ri de lui et viennent vérifier. On lui a fait écouter la toune et comme c'était très drôle, Éric lui-même a embarqué à fond. Ce qui est fun avec Bombe, c'est qu'on est un collectif de personnes provenant de plein d'endroits différents. Y' en a qui viennent du monde de la mode, d'autres de la TV, du sport extrême, des bars, du jet-set, etc. Tu mets tout ce monde-là ensemble pis tu te rends compte que tu connais pas mal de monde. En réunissant des vedettes à droite et à gauche, tu crées un effet de chaîne, tsé. Prends notre vidéo avec Emily Begin par exemple, c'est une amie à nous. Puis y' a celui qui a Sylvain Marcel qu'on connaissait moins, mais qui a embarqué avec nous lorsqu'il a vu que “Émilie avait déjà fait un truc du genre et ainsi de suite. » Alors que le pharmacien de Pharmaprix et l'ex-Académicienne flirtent avec votre ordinateur portable, doit-on sonner le glas pour le bon vieux tube cathodique?

Fin de la programmation?

"Y'a beaucoup de gens qui croient que la web tv est entrain de "détruire" la tv conventionelle." lance le jeune vidéaste. « Mais c'est une erreur. C'est simplement un nouveau médium, une nouvelle plate-forme, faut l'accueillir, s'en servir et la jumeler à d'autres, pas la craindre. » Monétairement, le Web n'est pas encore une entreprise très lucrative. Brahm Eiley, président de Convergence Consulting Group qui livrait tout récemment une étude abordant le sujet confiait à Infopresse que "(...) les revenus de la Web télé représentaient 1% de l'ensemble des revenus télé des diffuseurs. D'ici 2011, ce chiffre pourrait monter à 5%." En attendant, Jeff Lee et les autres desperados du genre devront autant s'armer de patience que d'une bonne paire d'éperons. "C'est sûr qu’y'a des grosses compagnies à la Astra et Coca-Cola vont "dropper" des enveloppes pour ça, y'a aussi l'ONF qui prépare un fonds de financement. Y'a du gros "cash" qui s'en vient, suffit qu'il tombe dans les bonnes mains. De toute façon, les grands gagnants, ça demeure quand même le public. C'est eux qui vont décider ce qui reste, ce qui s'en va."

Santogold - Éponyme

(Downtown Records)
Un an après avoir titillé les internautes mélomanes à coups de « singles» et de « remixes », l'artiste électro Santogold dévoile finalement un premier album éponyme plutôt doré. Bien que souvent comparé à M.I.A., le projet tient plus du « patchwork » d'influences allant de la pop (« L.E.S. Artistes» auraient pu facilement se retrouver sur un maxi de Tegan And Sara) au dub ("groovy" "Shove it") que de l'imitation plaquée or bon marché. C'est justement ce métissage des genres, cette réunion de collaborateurs aux antipodes autour d'un premier jet qui se veut autant débridé qu'homogène, qui sort la création de Santi White de l'ombre (colorée) de Maya Arulpragasam en plus de lui permettre d'éclipser sa concurrence 2.0. Fortement conseillé!

The Sainte Catherines – The Soda Machine

(Indica)
Le collectif punk The Sainte Catherines persiste, signe et se fait son cinéma sur The Soda Machine, un premier DVD passionnant qui trace un portrait fidèle de leur parcours : aussi chaotique que satisfaisant. Fils spirituels de Spinal Tap (au moins cinq percussionnistes se sont succédé au sein de l'orchestre), des membres passés et actuels des Sainte Caths défilent pendant 90 minutes pour raconter la petite histoire du groupe. Bien que le montage laisse parfois à désirer, The Soda Machine demeure une oeuvre qui plaira autant aux fanatiques qu'aux mélomanes voulant découvrir le sextuor montréalais. En prime, le documentaire est accompagné d'un CD de 25 chansons (!!!) plus ou moins rares. Une aubaine!

Mathias Mental – The Happiest Boys In Montreal

(Indépendant)
Mathias Pageau a tout pour être heureux ces jours-ci. Moins d'une année après être apparus au sein de la scène locale montréalaise, l'iconoclaste chanteur et ses compères de Mathias Mental lancent un premier album indie pop low-fi qui fait sourire. Plus candides que virtuoses, les compositions de Pageau suscitent autant The Moldy Peaches que The Unicorns (« 555 Love» a même de vagues échos du classique « Les Os »). Bien que Mathias Mental surfe une vague allant plutôt à contre-courant du rock liché ayant la cote ces jours-ci, les mélomanes plus curieux devraient apprécier le joyeux bordel qu'est The Happiest Boys In Montreal.

Islands - Arm's Way

(Anti-)
Deux ans après avoir flirté avec les rythmiques tropicales sur Return To The Sea, Islands arrime avec brio sur les côtes du continent de la pop orchestrale sur Arm's Way. Sur ce deuxième disque tenant plus de Phil Spector que de Paul Simon, Nick Thorburn et son équipage livre ici un album plus « pop», mais aussi plus touffu et mûr (sans être nécessairement plus mature, les envolées mélodramatiques de l'ex Unicorns sur « The Arm» et les mélodies plus endiablées, voire « disco punk », à la « J'aimerais Vous Voire Quitter» en témoignent). Sans être l'oeuvre la plus éclatée de la discographie bizarroïde des moult projets musicaux de Thorburn, Arm's Way demeure un CD sympa, abouti et surtout bien ficelé!

The Ting Tings – We Started Nothing

(Sony BMG)
La sensation pop britannique The Ting Tings dévoile finalement We Started Nothing, un premier album qui – à l'image de son titre – talonne plus qu'il innove. Duo issu de la « teen pop», la chanteuse Katie White et son compère Jules De Martino semblent appliquer la même recette à leur plus récent projet en combinant grossièrement différents éléments de groupes soi-disant « indus ». Pendant que “That's Not My Name” suscite Dragonette, “Shut Up And Let Me Go” fait écho à Karen O des Yeah Yeah Yeahs alors que “Be The One” pourrait sûrement se retrouver sur un compact de Metric. Sans être un chef d'oeuvre, We Started Nothing est tout de même loin du bide. Bref, The Ting Tings livre quand même un album sympa, sympa.

Dresden Dolls — No, Virginia...

(Roadrunner Records)
Figures de proue du « punk cabaret », les poupées sont loin de dire non sur No, Virginia..., une généreuse compilation de pièces rares, oubliées ou encore abandonnées lors de l'enregistrement de leur plus récent album paru en 2006. Véritable bonbon pour les fanatiques de la troupe, cette collection de chansons aussi hétérogène qu'hétéroclite risque toutefois de rebuter les mélomanes n'étant pas déjà au parfum. En plus du matriçage qui laisse parfois à désirer (démos obligent), le matériel proposé est malheureusement inégal. Alors que l'énergique « b-side » « The Kill» nous rapproche de la petite mort, la reprise de « Pretty In Pink » fait plutôt grincer des dents. Comme amuse-gueule en attendant le prochain CD (surtout lorsqu'on considère « Night Reconnaissance», une nouvelle composition), on arrive à approuver No, Virginia....

American Music Club – The Golden Age

(Merge)
Après plus d'un quart de siècle d'existence, Mark Eitzel et son American Music Club entrent finalement dans l'âge d'or avec cette neuvième parution slowcore. Moins grinçants que sur Love Songs For Patriots, Eitzel et ses potes semblent avoir accepté leurs rides et cheveux grisonnants sur The Golden Age, tout en demeurant de fins paroliers et d'habiles compositeurs (bien qu'elle surf dangereusement avec ce que les radios surnomment la pop « adult contemporary », « All The Lost Souls Welcomes You To San Francisco » reste une ballade sympa et bien fignolée). Les amateurs de The Dears devraient tout particulièrement apprécier.

Cute Is What We Aim For - Rotation

(Fueled By Ramen)
Deux années après The Same Old Blood Rush With A New Touch, le trio emo pop Cute Is What We Aim poursuit dans la même veine avec Rotation en livrant une nouvelle collection de pièces saccharinées mignonnes, mais dénuées d'intérêts. Quelque part entre Simple Plan et Saves The Day, ces trois jolis minois livrent une fournée de compositions aux "riffs" aussi accrocheurs qu'inoffensifs, soutenus par des textes à l'eau de rose carrément bébêtes. Comme si ce n'était pas assez, le bidouillage derrière la console de John Feldmann (chanteur de Goldfinger et producteur d’albums pour Ashlee Simpson, Good Charlotte et compagnie) rend le produit final aussi liché que falot. Bref, CIWWAF aurait dût passer son tour sur Rotation.

Job de bras

Grand ménage sur l'île de Nick Thorburn: nouveaux collègues, son et label pour Arm' s Way, le second album d'Islands.

« Oh mon Dieu! Il a écrit quoi!?» s'insurge Nick à la mention d'un article du blogue new-yorkais Candy Beans comparant la fameux compact de Vampire Weekend à Return To The Sea, la première oeuvre plus « world beat» d'Islands. Véritable baromètre musical (il n'y a pas si longtemps, on liait aussi Le Compte complet de Malajube aux fantaisies de Thornburn au sein du mythique groupe indie pop The Unicorns), le principal intéressé n'est pas toujours ravi de son statut d'avant-gardiste. « C'est parfois un grand honneur, mais c'est surtout énervant de servir de “comparaison” ici et là, surtout lorsque ça concerne un groupe comme Vampire Weekend. "Dans ce cas-ci, je ne crois pas qu'on les a influencés, je pense plutôt qu'on a tout simplement eu les mêmes influences africaines, mais qu'ils ont finalement offert un produit inférieur, un truc moins inspiré, un pastiche, quoi! » s'exclame-t-il en faisant écho à une entrevue du site Merry Swankster où il rappelait aussi à l'intervieweur que les premiers concerts d'Arcade Fire se sont donné dans le cadre d'une tournée en compagnie de ses Licornes. « Mais bon, ça fait aussi chaud au coeur de constater que certaines de nos chansons ne se “perdent” pas dans le temps, qu'elles peuvent avoir un certain impact sur les gens. C'est l'idéal de l'artiste, j'imagine. » Quoique de nos jours, ce qui agace le plus Nick n'est pas de voir son nom défiler dans les critiques de disques de ses contemporains, mais bien d'apercevoir sa nouvelle oeuvre sur des forums de piratage.

« Je n'y pense même pas en terme de pertes, de “buzz” ou encore de ventes à vrai dire. Ça m'affecte personnellement, en fait. » confie le chanteur. « J'suis bien content que les gens qui ont entendu le disque avant le lancement l'aiment bien... surtout que celui-ci est prêt depuis environ une année et qu'il a été retardé que par la paperasse entourant notre changement d'étiquette de disque, mais ça me frustre un peu que l'industrie ne soit pas encore capable de rattraper la technologie et des mélomanes de plus en plus curieux et férus. L'époque où on devait attendre des jours dans l'espoir de voir notre clip préféré sur MuchMusic est bel et bien révolue! » Un autre truc qu'on peut retrouver aux oubliettes : le penchant de Thornburn pour la musique du monde alors qu'Arms Way surprend en étant invraisemblablement ancré dans la pop conventionnelle.

« Ce n'était pas une décision ou encore un risque calculé. » spécifie toutefois Nick à propos de cette nouvelle direction s'éloignant du Graceland de Paul Simon. « Je crois que ça découle plutôt de la nouvelle stabilité dans le groupe, ça témoigne d'ou on en est maintenant en tant que collectif. » ajoute-t-il en faisant référence aux départs de Jim Guthrie et Jamie Thompson (avec lesquels il collabore toujours au sein de violons d'Ingres surnommés Human Highway et Juiced Elfers). “Oui c'est «orchestral» et ça a une facture plus « pop», mais ça demeure un album « rock » pour moi: y' a des accords mineurs, des thèmes sombres, etc. Faut dire que j'écoutais beaucoup de rock de lavette à l'époque. J'sais pas, peut-être que ce qui « rocke » pour moi tient plus de la comptine pour les autres! » termine-t-il en rigolant.

Weezer – Éponyme

(DGC/Interscope)
Après le bleu et le vert, Weezer lance un troisième album éponyme qui, cette fois-ci, voit rouge. Sixième compact du collectif rock, Rivers Cuomo réussi tout de même un “exploit” en dévoilant leur meilleur (ou serait-ce le moins pire?) album depuis leur deuxième CD Pinkerton. Parmi les pièces de choix de cette compilation de pièces inégales, mais tout de même satisfaisantes, retenons “The Greatest Man That Ever Lived”, un véritable morceau de bravoure et opéra de poche qui abonde autant dans le hip-hop que l'aréna rock avec, pourquoi pas, un soupçon de chorale pendant qu'on y est. Sûrement l'extrait le plus hétéroclite du tout, “The Greatest Man” demeure tout de même une des plus jouissive du lot. Puis vient “Pork and Beans”, le premier tube de l'album; du “bon vieux Weezer bien rétro” qui rapelle les premières compositions du quatuor (dont “No One Else” par exemple). Sans être l'élément le plus élogieux de la discographie de Rivers Cuomo et ses collègues, “The Red Album” demeure tout de même le plus satisfaisant depuis le fameux Pinkerton, une parution qui – à l'époque - s'était méritée le même accueil mitigé que toutes les autres galettes de la troupe qui allaient suivre. Le problème provient surtout des fans indécrottables qui, 12 ans après le lancement de cette oeuvre culte, ne sont pas passé à autre chose... contrairement à Cuomo.

Bon Iver - For Emma, Forever Ago

(Jagjaguwar)
La rupture. Certains la pleurent ou la maudissent, d'autres en profitent pour baiser à droite et à gauche pour oublier puis il y a l'auteur-compositeur-interprète folk Justin « Bon Iver » Vernon qui l'affronte en s'encabanant pendant trois mois pour ensuite en ressortir avec un diamant brut à la main : For Emma, Forever Ago. La légende veut qu'après avoir assisté à la désintégration de son groupe indie rock DeYarmond Edison, Vernon aurait paqueté guitares, enregistreuses, crayons et ses sentiments pour déménager dans un chalet perdu dans le Wisconsin. Une année après avoir lancé le compact indépendamment (et avec grand succès), l'étiquette Jagjaguwar reprenait le flambeau en février dernier. Fait intéressant, plutôt que de susciter ses contemporains à la Bright Eyes, Justin rappelle autant la meute de Dan Boeckner (tout particulièrement sur des chansons à la « Skinny Love » qui a des airs de la fameuse « Modern World ») que TV On The Radio (« TheWolves Act I and II », par exemple, rappelle la voix de Tunde Adebimpe sur « Dreams »). Bien que les textes soient parfois aussi brouillons qu'hermétiques, For Emma, Forever Ago demeure une oeuvre intimiste et poignante qui devrait se retrouver dans votre collection de disques s'il elle n'y est pas déjà.

Rivers Cuomo – Alone: The Home Recordings of Rivers Cuomo (Geffen)

(Geffen)

C'est affreusement cliché de se fracturer le myocarde pendant le mois de la Saint-Valentin, mais c'est qui est pourtant arrivé à l'écoute d'Alone, la première compilation (en entrevue avec Pitchfork, l'artiste mentionnait qu'il avait environ huit autres heures de matériel du genre traînant chez lui) de démos de Rivers Cuomo, le leader de la formation power pop culte Weezer. Non seulement la plupart des maquettes retrouvées ici flotte sur la Toile depuis un bon moment (les fanatiques de =w= sont un peu freaks, en effet), mais le matriçage laisse vraiment, mais vraiment à désirer. On se retrouve finalement avec une collection de pièces qu'on aurait aimé que le chanteur endisque avec ses collègues (surtout l'énergique “Blast Off”) et d'autres qui auraient dû demeurer dans une étagère poussièreuse du studio de Cuomo (la première mouture de “Buddy Holly” disponible ici vient notamment en tête). Le livret accompagnant le produit demeure toutefois une agréable lecture (le saviez-vous? Les bonze emmerdant Rivers et sa copine dans “Buddy Holly” étaient en fait ses frères d'armes!). Rivers y est désarmant de candeur, malgré le fait que de tout les violons d'Ingres et parutions découlant de son projet (allant de The Rentals aux Space Twins en passant par The Special Goodness), le sien demeure le plus décevant. Pour les fans, les vrais de vrais.

La ligue de la justice du CD!

La racaille court dans la cité. Plutôt que d'arborer la cape ou des complets fluorescents, ces crapules chaussent des « Chuck Taylor» et portent des gaminets Sonic Youth (« vintage », bien sûr). Plutôt que de signer leurs méfaits de cartes à jouer, ils blessent l'artiste et l'orphelin à coups de critiques nébuleuses et de billets les surexposant. Pire encore, ils laissent carrément leur nom – voire même leur courriel — sur la scène du crime. Après Two-Face et le Joker, les journalistes et blogueurs musicaux pourraient bien être les prochaines victimes à recevoir un batarang en pleine gueule.

Le magazine masculin Maxim publiait en mars dernier une critique fielleuse du nouveau compact des Black Crowes (qui, en passant, n'est pas si mal dans son genre... et ça me fait aussi mal de vous l'taper que ça vous le fait de le lire). En plus d'être un exercice facile (tout le monde aime casser du hippie!), le texte s'est aussi avéré être de mauvaise foi alors qu'une seule pièce du fameux compact était disponible au moment de mettre sous presse. Un petit scandale plus tard (on apprendra aussi que le rappeur Nas a eu droit au même traitement pour son CD Nigger), plusieurs blogues récupèrent l'histoire, dénoncent le manque de rigueur et vont parfois même jusqu'à condamner la presse écrite au profit du Web 2.0. Au moment où qu'on coupe à blanc dans l'imprimé (les déboires de Quebecor World en témoignent), est-ce que les lecteurs de journaux sont finalement prêts à considérer les blogues musicaux comme des sources fiables?

« Pas encore » croît Matthew Caws, chanteur de Nada Surf et ex-journaliste pour Guitar World (il a notamment interviewé Mick Jones, respectz yo!). « Malgré leur influence grandissante, les blogues demeurent souvent ancrés dans le texte d'opinion. S'ils vont aller dans l'information, ça sera souvent en se basant sur des articles de journaux ou des communiqués de presse. Peu de blogueurs ont encore le réflexe d'enquêter, de questionner. C'est comme une discussion dans un salon entre copains, vous savez. » Et que pense-t-il du marasme entourant les Corbeaux? « Bof, c'est dommage pour eux et Maxim, mais personne ne prend vraiment ces derniers au sérieux, de toute façon. » poursuit-il en faisant référence au mensuel se spécialisant surtout dans le domaine des starlettes en sous-vêtements. « Je comprendrais leur colère si c'était arrivé dans un truc respectable à la Mojo, mais là... Maxim... come on! »

Plus près de chez nous, bien qu'un brasse-camarade du genre ne se soit pas encore produit (après tout, « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » va bientôt remplacer « Je me souviens »), comment pourrait-on éviter ce genre de fâcheuse situation? Facile! Avec la création de la Ligue de la Justice du CD!

Inspiré par l'AQCC (Association québécoise des critiques de cinéma), la LDLJDCD (Ok, l'acronyme n'est pas génial, mais attendez de voir le logo, y' aura sûrement un aigle qui tient un serpent pis un cd dans son bec, y' aura du feu en arrière en plus de Slash qui se pétera un solo en d'sous) se voudra un rassemblement des critiques musicaux jugés « compétents ». Y' aura un test de connaissances et des épreuves physiques (je ne peux pas trop en parler, mais je vous donne trois indices : « sac de toile », « bâton de bambou » et « nouveau venu se glissant dans le sac »). Chaque scribouillard se qualifiant au sein de la Ligue remportera deux pelletées de respect ainsi qu'un écusson à coudre sur son sac à bandoulière.

Mais encore là, est-ce qu'une organisation avec un emblème aussi sensass aurait une certaine importance auprès de la scène locale? Pas vraiment selon un (e) ancien (ne) membre de l'AQCC. « Y a même pas la moitié des critiques québécois qui en est membre. » confie-t-il (ou elle) sous le couvert de l'anonymat (appelons-le – ou la – Julie pour le fun). « À ma connaissance, il n'y a pas de membres qui travaillent à La Presse, au Voir, au Ici ou encore au Journal de Montréal et il n'y a presque pas de journalistes anglophones. » poursuit Julie. « Ça fait un peu “club privé”, mais l'idée d'une association de critiques est valable, faudrait seulement revoir le modèle pour.»

Va pour qu'on revoie le fonctionnement de la chose, mais j'insiste afin qu'on conserve le logo ainsi que le nom!
 

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